« Oublie que t’as aucune chance de voir tous les concerts, vas-y fonce, sur un malentendu ça peut marcher ». Ainsi détournée, la formule empruntée au film « Les Bronzés » pourrait assez bien résumer l’angoisse qui parcourt l’échine, au moment où l’on se décide à raconter un vendredi et un samedi soir, au cœur des 33e Rencontres Trans Muscicales de Rennes. Pourquoi ? Parce qu’avec une cinquantaine d’artistes à l’affiche en deux soirs, quasiment tous inconnus du grand public, ce festival n’est pas vraiment comme les autres.
Pas comme les autres également parce que la tenue vestimentaire de rigueur y est plus proche du combo doudoune/bonnet, que du short/casquette, habituellement en vogue lors des festoches estivaux. Ensuite, parce que la prog mitonnée par Jean-Louis Brossard joue résolument la carte de la découverte.
Du coup, deux solutions s’imposent pour profiter de ce festival. La première : arriver sur zone avec une feuille de route des groupes à ne pas manquer. Ce qui aura nécessité au préalable un épluchage en règle de la prog et d’avoir visionné sur Internet les vidéos des 42 groupes programmés pendant ces deux jours. Et la deuxième solution ? Y aller à l’arrache. J’ai opté pour la deuxième solution.
Bon, il y avait quand même deux trois artistes qui ne m’étaient pas totalement étrangers. Et le trajet de 20 minutes en navette, pour rallier le parc expo, aura permis de faire un rapide repérage du programme des réjouissances. Impossible, par exemple, de passer à côté de Breton, groupe composé de grands-bretons d’outre Manche, justement. Leur concert, dans un hall 9 encore trop peu rempli, aura quand même laissé entrevoir un joli potentiel pour cette formation.
Cap ensuite sur le hall 3, pour juger en live de la valeur des Norvégiens gentiment loufoques de Kakkmaddafakka. Leur album pop, produit par Erlend Oye (King of Convenience, The Whitest Boy Alive) laissait en effet présager de belles choses. La confirmation est venue de la scène, avec un concert maîtrisé et légèrement déconnant, qui aura enthousiasmé le public.
Des bouts de vendredi
Après ces deux premières doses de musique, restait plus que Stuck In the Sound sur la shopping liste des concerts à ne pas rater pour ce premier soir. Mais les Parisiens, qui réservaient la primeur de leur prochain album au public rennais, n’étaient programmés qu’à 3h15… L’occasion, pour patienter, de flâner un peu dans, et autour des grands halls du parc des expos. Carrément austères vus de l’extérieur, les bâtiments se révèlent en fait sous un tout autre visage quand on y pénètre. Bars, lieux de restauration et espaces pour se poser, les décorateurs ont envoyé de gros, pour transformer les lieux et plonger les festivaliers dans un univers chaleureux et accueillant. Chapeau.
Le tour du propriétaire effectué, retour sur le chemin des salles de concerts. Hall 3, hall 4, hall 9… Les lives s’y enchaînent, mêlant découvertes déroutantes, telles Orchestra Of Sphere, ou jolies trouvailles comme avec Fuel Fandango. Les allées extérieures, elles, se remplissent doucement et ne se videront que beaucoup plus tard.
Bien après avoir assisté à l’excellent concert de Stuck In The Sound, et vidé quelques godets, le retour vers le centre-ville se fait à nouveau en navette, dans une ambiance nettement plus calme qu’à l’aller. Il faut dire qu’il est tard… Ou très tôt. Juste l’heure de foncer au marché de la place des Lices, pour avaler une (voire deux) galette(s) saucisse(s).
L’excellent concert de Stuck in The Sound
Après une bonne journée très (peu) productive, la deuxième soirée s’annonce forcément plus difficile. Mais la promesse de prendre une grosse tarte sonore avec Agoria, Spank Rock, Don Rimini ou Fukkk Offf, nous pousse à reprendre la navette pour retrouver le parc des expos, qui affiche complet ce samedi soir (au total, quelque 50 000 personnes seront venues aux Trans, que ce soit au parc expo ou dans les autres lieux du festival).
L’une des attractions de cette deuxième soirée, c’est aussi le groupe Carbon Airways, composé d’Eléonore, 15 ans, et de son frère Enguerrand, 14 ans, en provenance directe de Besançon. Un temps menacé d’interdiction de festival par la Préfecture du Jura, qui les jugeait un peu jeunots pour monter sur scène à 22 heures, le duo prouve, une fois sous les projecteurs, qu’il est allègrement capable de secouer le hall 9, dans lequel les deux ados se révèlent plus qu’à leur aise. Comme quoi la valeur n’attend pas… Tout ça tout ça… Autre chose qui n’attend pas, ce sont les autres concerts, qui se suivent à toute vitesse.
Des bouts du samedi
A peine le temps de voir Agoria derrière ses platines, distillant des beats bien dodus dans un hall 9 bondé, que Spank Rock pointe son nez dans le hall 4. Suivront Don Rimini et Fuckkk Offf, pour emmener tout le monde au bout de la nuit rennaise. Une nuit qui se termine, elle aussi, par un retour en navette avec pas mal de cernes sous les yeux et la conviction d’avoir peut-être raté deux ou trois groupes qui valaient le coup. Mais avec également la certitude que l’on entendra parler d’eux cet été dans les autres festivals, dont les programmateurs s’inspirent régulièrement des trouvailles labellisées Trans Musicales.
Alors là, c’est impossible de voir tous les concerts. Même si on a le temps, c’est certain qu’on sera fatigué avant même d’avoir vu la moitié. Je trouve que votre solution est judicieuse. Il ne sert à rien de voir tous les groupes, il faut juste voir ceux que l’on aime et qu’on veut voir à tout prix.
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